Robert P. Murphy : Le Chevalier Autrichien dans l'Arène Économique Moderne
Plongez dans l'univers de Robert P. Murphy, l'économiste autrichien qui transforme les équations en épopées libertariennes. Né en 1976 dans le Michigan, influencé par la loi naturelle et les maîtres comme Mises – dont il cite souvent L'Action humaine : "L'action humaine est un processus de choix conscient" –, Murphy trace un parcours académique exemplaire : de Hillsdale College à un doctorat à NYU en 2003, explorant les cycles conjoncturels via des perturbations intertemporelles, écho à la théorie misesienne des booms et busts.
ROBERT P. MURPHYÉCONOMIE
Yoann Paridaens
10/6/20257 min read


Défier les géants keynésiens dans une joute intellectuelle publique, avec un don de 100 000 dollars à une œuvre caritative comme gage de bonne foi. Non, ce n'est pas une scène tirée d'un roman de cape et d'épée, mais bel et bien l'un des chapitres les plus croustillants de la vie de Robert P. Murphy, l'un des piliers contemporains de l'École Économique Autrichienne. Si Ludwig von Mises voyait en l'économie une science de la praxeologie humaine, libre de toute intervention étatique maladroite, Murphy en est l'héritier zélé, un défenseur infatigable du marché spontané qui nous rappelle que, parfois, le meilleur remède aux bulles gouvernementales est une bonne dose de réalité autrichienne. Dans cet article, nous plongerons dans l'histoire de cet homme, ses combats acharnés contre les chimères interventionnistes, et ses exploits qui ont redessiné les contours de la pensée libertarienne.
Les Origines : D'un Petit Garçon du Michigan à l'Autel de la Science Économique
Robert Patrick Murphy, né le 23 mai 1976 dans le Michigan, grandit dans un environnement où la foi chrétienne imprègne profondément sa vision du monde. Influencé par la loi naturelle – cette idée que la morale et l'ordre social découlent d'un principe divin immuable –, il aborde l'économie non comme un simple exercice mathématique, mais comme une quête éthique pour la liberté humaine. C'est d'ailleurs cette conviction qui le pousse, dès ses jeunes années, à questionner les dogmes dominants. "L'État, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, brise plus qu'il ne répare", pourrait-on l'entendre dire avec un sourire malicieux, écho à une sagesse autrichienne qu'il portera toute sa vie.
Son parcours académique est un modèle de rigueur, typique des esprits autrichiens qui privilégient la logique déductive sur les modèles économétriques hasardeux. En 1998, il obtient son Bachelor en économie du Hillsdale College, une institution libérale connue pour son attachement aux principes fondateurs américains et à l'économie de marché. Hillsdale, avec son refus des subventions fédérales, incarne déjà l'idéal rothbardien d'une éducation libre de l'emprise étatique. Murphy y forge ses armes intellectuelles, dévorant les classiques de l'École Autrichienne : les Traité d'économie politique de Murray Rothbard et L'Action humaine de Mises deviennent ses bibles.
C'est à New York University (NYU) qu'il peaufine son doctorat, obtenu en 2003 sous la direction de Mario Rizzo, un autre fervent autrichien. Sa thèse, intitulée Unanticipated Intertemporal Change in Theories of Interest (Changements intertemporels imprévus dans les théories de l'intérêt), explore comment les perturbations inattendues affectent les taux d'intérêt – un sujet qui résonne avec la théorie autrichienne des cycles conjoncturels, où Mises expliquait que les baisses artificielles des taux par les banques centrales sèment les graines des récessions. Comme l'écrivait Mises dans Théorie monétaire et crédit : "Les banques centrales, en manipulant le crédit, ne créent pas de prospérité, mais une illusion qui finit par éclater en krach." Murphy, dès ses études, internalise cette leçon : l'interventionnisme monétaire n'est pas un remède, mais un poison lent.
Avec un PhD en poche, Murphy entre dans le monde professionnel comme un ouragan discret. De 2003 à 2006, il est professeur assistant visiteur à Hillsdale College, où il initie les étudiants aux mystères du marché libre. Puis, en 2006, il devient chercheur invité à NYU, avant de rejoindre Laffer Associates – oui, celle d'Arthur Laffer, père de la courbe qui porte son nom. De 2007 à 2011, il officie au Pacific Research Institute, et parallèlement, comme économiste senior à l'Institute for Energy Research jusqu'en 2020, où il se spécialise dans les politiques climatiques, démontrant que même les questions environnementales peuvent être éclairées par la lentille autrichienne du calcul économique. Aujourd'hui, en 2025, il est professeur assistant de recherche au Free Market Institute de Texas Tech University, Senior Fellow au Mises Institute depuis 2003, et Chief Economist chez Infineo, une firme de conseil en actifs numériques. Son parcours ? Un itinéraire sinueux mais cohérent, tracé par une fidélité inébranlable à l'héritage de Hayek, qui avertissait dans La Route de la servitude : "Si nous voulons préserver la liberté, nous devons nous méfier des planificateurs bien intentionnés."
Les Combats : Un Gladiateur contre les Dragons Keynésiens et Interventionnistes
Si Murphy est un érudit, il est aussi un combattant. Ses batailles intellectuelles, menées sur les fronts de l'anarcho-capitalisme, de la critique monétaire et des politiques environnementales, incarnent l'esprit combatif de l'École Autrichienne, où Rothbard clamait : "L'État est la plus grande fiction jamais inventée par l'humanité – une organisation qui vole légalement." L'un de ses duels les plus célèbres ? Son affrontement avec Paul Krugman, le Nobel keynésien autoproclamé champion de l'interventionnisme.
Tout commence en 2009 avec un article incendiaire dans The American Conservative, intitulé "Killing the Currency" (Tuer la monnaie). Murphy y prédit que la quantitative easing de la Fed – cette impression monétaire effrénée – mènera à une hyperinflation d'ici 2013. Les faits ne lui donnent pas raison : l'inflation reste contenue, et les économistes mainstream comme Brad DeLong et Krugman s'en délectent pour le railler. Mais attendez, cher lecteur – n'est-ce pas là l'humour noir de l'autrichien ? Comme Hayek le notait dans Prix et production, les effets des distorsions monétaires se manifestent souvent avec un lag, et Murphy défend sa position en soulignant que l'inflation s'est simplement muée en bulles spéculatives, comme celle des actifs numériques ou immobiliers que nous voyons encore aujourd'hui. "Les keynésiens comptent les arbres, mais oublient la forêt", pourrait-il plaisanter, en écho à Mises qui fustigeait les "faux prophètes" de la macroéconomie.
Le clou du spectacle arrive en 2013 : Murphy lance un défi public à Krugman via le site krugmandebate.com. Thème ? Une confrontation sur les politiques économiques, avec 100 000 dollars reversés à une association caritative si le Nobel accepte. Krugman décline, le qualifiant de "cirque public". Victoire morale pour Murphy ? Absolument. Ce geste, généreux et provocateur, illustre son combat pour la transparence : dans un monde où les débats académiques sont souvent étouffés par les subventions étatiques, il force les interventionnistes à sortir de leur tour d'ivoire. Et en 2018, il publie Contra Krugman : Smashing the Errors of America's Most Famous Keynesian, un recueil d'essais qui démonte, point par point, les colonnes du blog du Nobel. Imaginez : un autrichien qui, tel un Rothbard en toge numérique, expose les absurdités des stimuli fiscaux. "Krugman voit l'État comme un Père Noël infatigable ; moi, comme un pickpocket bienveillant", pourrait-on résumer son ton espiègle.
Mais Murphy ne s'arrête pas là. Sur le front anarcho-capitaliste, son livre Chaos Theory : Two Essays on Market Anarchism (2002, réédité en 2010) est une déclaration de guerre à l'État monopolistique. Il y argue que les marchés privés – de la défense à la justice – surpassent les bureaucraties étatiques, s'appuyant sur la tradition rothbardienne. Rothbard, dans Pour une nouvelle liberté, affirmait : "La société sans État n'est pas l'anarchie chaotique des utopistes, mais l'ordre spontané des hommes libres." Murphy le met en pratique en explorant comment les assurances privées pourraient gérer les conflits mieux que les tribunaux publics. Quant aux politiques climatiques, en tant qu'expert à l'Institute for Energy Research, il combat le "coût social du carbone" comme une fiction interventionniste, rappelant que, comme Hayek l'explique dans La Dénationalisation de l'argent, les marchés intègrent les risques bien mieux que les planificateurs.
Ces combats ne sont pas gratuits : ils visent à éduquer, à montrer que l'interventionnisme, loin d'être un bouclier, est une épée à double tranchant. Murphy, avec son humour pince-sans-rire, nous rappelle que "l'État promet la sécurité, mais livre la servitude – et une facture salée par-dessus le marché."
Les Grands Exploits : Des Livres qui Forment des Générations, des Podcasts qui Éveillent les Consciences
Les exploits de Murphy ? Une bibliothèque qui rivalise avec celle d'un monastère autrichien, et une voix podcastée qui touche des milliers. Dès 2005, il lance Home Study Course in Austrian Economics, un guide d'auto-formation qui démocratise Mises pour le profane. Puis viennent les study guides : pour Man, Economy, and State de Rothbard (2006) et Human Action de Mises (2008). Ces outils pédagogiques sont des trésors – des condensés qui transforment des novices en défenseurs du marché libre.
Son chef-d'œuvre éducatif ? Lessons for the Young Economist (2010), un manuel ludique pour adolescents qui explique la subjectivité de la valeur et les pièges de l'inflation avec des anecdotes vivantes. "L'argent ne pousse pas aux arbres, surtout quand la Fed en imprime à la pelle", y plaisante-t-il, rendant accessible la leçon de Mises sur la théorie quantitative de la monnaie. En 2015, Choice : Cooperation, Enterprise, and Human Action réinterprète Human Action pour un public large, soulignant que "la coopération humaine n'est pas un don du ciel, mais le fruit de l'échange volontaire" – une reformulation moderne de la praxeologie misesienne.
Côté monétaire, la série Understanding Money Mechanics (2021) est un exploit magistral : quatre volumes qui dissèquent l'histoire bancaire US à travers le prisme autrichien, critiquant la Réserve Fédérale comme un cartel destructeur. Murphy y cite Rothbard : "La banque centrale est l'arme ultime du vol légal." Et pour les innovateurs, Understanding Bitcoin (2017, avec Silas Barta) défend les cryptos comme un antidote à la planification monétaire.
Ses podcasts, The Bob Murphy Show et Human Action Podcast, sont des forums vivants : interviews avec des géants libertariens, analyses de l'actualité économique. Depuis 2003 au Mises Institute, il a formé des générations, et ses affiliations au Fraser Institute ou à l'Independent Institute amplifient sa voix. En 2021, Common Sense : The Case for an Independent Texas pousse l'anarcho-capitalisme vers l'indépendantisme, un exploit audacieux dans un pays attaché à son union.
Un Héritage qui Respire la Liberté
Robert P. Murphy n'est pas qu'un économiste ; il est le passeur moderne de l'École Autrichienne, un homme qui, comme Hayek le rêvait, combat la "route de la servitude" avec logique et humour. Ses combats contre Krugman, ses exploits pédagogiques, son histoire d'ascension depuis le Michigan : tout cela nous invite à réfléchir. Dans un monde de bulles et de bailouts, Murphy nous murmure, avec un clin d'œil : "Le marché n'est pas parfait, mais l'État ? C'est la perfection du chaos." Lisez-le, écoutez-le – et rejoignez la praxeologie. Votre portefeuille, et votre liberté, vous en remercieront.